GEORGIA SPIROPOULOS

Rendez-vous : Georgia Spiropoulos, 10 juin

Il y a décidément un tropisme grec vers la France ! Après Xenakis dans les années 1940 et Aperghis dans les années 1960, c’est au tour de Georgia Spiropoulos de choisir Paris en 1996 pour faire épanouir son métier de compositrice. Elle s’est auparavant formée dans sa ville natale d’Athènes au piano et à toutes les disciplines entourant la composition (écriture, contrepoint, fugue), mais pratique aussi le jazz et se passionne pour la musique grecque de tradition orale – tentant de pénétrer la fonction profonde de chaque élément qui la compose. L’oralité gardera d’ailleurs une importance primordiale dans sa musique : ainsi, après son passage dans les classes de Philippe Leroux et de Michaël Levinas, et son cursus à l’Ircam, elle fera un master à l’École des hautes études en sciences sociales, en collaboration avec des anthropologues et un spécialiste d’herméneutique hellénique. Cette réflexion profonde l’amène à développer avec ses interprètes des relations étroites, qu’elle qualifie de « vitales » pour la création.

Georgia Spiropoulos

Georgia Spiropoulos © Irini Zevgoli

Ce regard vers les origines musicales de son pays s’enrichit d’autres aspirations, qui ne lui sont du reste pas si étrangères : pour l’improvisation libre, l’art performatif et pluridisciplinaire, et pour la voix et au langage (en tant que compositeur en recherche à l’Ircam, elle mène le projet Mask sur les transformations de la voix et contribue à la création d’outils pour la performance live). S’ajoutent encore à cet imaginaire musical déjà bien rempli l’avant-garde du rock (dont l’univers envahit jusqu’à ses titres : ainsi de Roll… n’ Roll… n’ Roll, en création durant ManiFeste 2015), le punk et le turntablism (technique musicale qui joue des platines vinyles comme d’un instrument). Spiropoulos cite parmi sa constellation d’inspiration Billie Holiday ou encore The Residents qui fragmente, récupère et détourne dans son langage rock des styles musicaux préexistants et emblématiques. Cette démarche n’est pas très éloignée de celle de la compositrice qui travaille à partir de courts fragments, à haute teneur symbolique, qu’elle prend, reprend et pétrit à l’envi pour constituer son matériau de base, et élaborer une écriture du son préoccupée de forme et de temporalité.

Toutes ces inspirations se mêlent d’une manière très organique, composant un paysage musical riche que l’on parcourt avec le même plaisir qu’un souk saturé de couleurs bigarrées et d’odeurs entêtantes.

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